Deep Blue


Solo show 25/01/2018 > 03/03/2018
Galerie Valérie Delaunay - Paris (France)










    ENG. Appearance/Disappearance

Usually Valentin van der Meulen creates drawings on paper using charcoal and black stone; in a second time, he works to remove parts of the drawing or the faces, with a combination of erasure and fading to make them more striking. In this new exhibition at Valérie Delaunay’s Gallery, he reverses his process. A gutter runs along the gallery’s walls in which blue Waterman ink is poured while about thirty drawings on blotting paper soak and absorb the ink. This installation itself reveals the artist’s intention. He inverts the process of erasing the drawing himself and lets the ink doing it. It is then rather an alteration of the image produced by the absorption of the ink by the paper. Porous, the paper slowly absorbs the fresh blue ink covering almost the entire surface like waves. Time remains the ruler of the image’s covering according to the atmospheric conditions and the mysteries of the ink’s phenomenon of penetration in the soaking paper. The subject disappears almost entirely. This protocol of deterioration of the image and the memory attached to it, is reminiscent of Joana Hadjithomas and Khalil Joreige’s work. Especially when, in 2011 for the project Face, they photographed men who tragically died in Lebanon and covered walls of cities with posters calling them “martyrs”. The artists keep those faces in memory by photographing them at different stages of their disappearance. Alternatively, it is also reminiscent of Emeric Lhuisset’s project performed in Iraq in 2010/11, J’entends sonner les cloches de la mort (I hear the bells of death ringing), in tribute to Sardasht Osman with an installation of photographs developed on salted paper, displayed in the urban space and disappearing progressively under the sun lights.

Everyday images

Valentin van der Meulen finds his images in the media; they are migrants, traders, children, anonymous people. Immortalized images or not, the artist reveals his desire to tear the human being’s memory apart from its destruction and oversight. Those pieces of Valentin van der Meulen’s life, inadvertently picked, also tell the story of our society. Faces from posters in the underground, people crossed in the street or seen in newspapers, documentaries and social media, are captured like in a blink of an eye and translated on blotting paper before the ink blurs and reduces them to ephemeral traces. The artist’s aim is to raise the ordinary into the universal. Since Marcel Duchamp and Robert Filliou, he assumes the right of considering the human life as a piece of art, like Filliou was used to say: “Art is a way to make life more interesting than art!”. As unique as the human is, he feels concerned in his deepest secrets by the human history. His own present can only relate in a collective past that he can’t obliterate. It’s in the space between the human and the history that he can realize the world he is living in. Subjective and deliberately selective, the memory never fully reveals itself, it keeps its shadow zones, its omissions intentionally or not. With his choices, his freeze-frames or his amnesias, Valentin van der Meulen doesn’t tell anything else, he shows the personal memory confronted to the collective one where the story crosses History.

Deep blue

The title of this serie recalls the supercomputer specialized in chess created by IBM at the beginning of the 90’s and which won over the world champion Garry Kasparov in 1996. Oddly, in the sharks’ world, Deep blue is a female white shark who became a legend for its incredible size. For Valentin van der Meulen, this serie refers to the deep waters, the waves, the ebb and flow of the water and the time, and to some extent the weakness of the vision that the digital offers us. The leap to myth is fast crossed. Talking about personal mythology in art is considering the artist’s questions about the world he lives in. Using subtle shades, Valentin van der Meulen draws the attention on the everyday fading into the routine, on the phenomenon of minorities, on the habit settling down and numbing our reactions, on the power of images and ironically, he emphasizes their planned but unknow obsolescence.

Isabelle de Maison Rouge
Art Historian
Independent curator



    FRA. Apparition/disparition

Habituellement Valentin van der Meulen réalise sur le papier des dessins au fusain et à la pierre noire dont il s’emploie à faire disparaître dans un second temps des éléments dans un jeu d’effacement et de disparition du motif ou du visage afin de nous rendre plus frappante leur présence. Dans cette nouvelle exposition à la galerie Valérie Delaunay, c’est au processus inverse qu’il invite. L’ensemble est conçu comme une grande installation constituée d’une gouttière qui court tout au long des murs de la galerie. Dans ce chéneau se trouve de l’encre bleue Waterman, la même que celle des stylos plumes, qui, par capillarité imbibe une trentaine de papiers buvards blancs sur lesquels il a préalablement dessiné. Le dispositif lui-même est révélateur de l’intention de l’artiste. Il intervertit le procédé de l’effacement par le geste de l’artiste qui gomme et efface, puisqu’ici il laisse l’opération se faire par elle-même. Il s’agit alors plutôt d’une altération de l’image produite par l’absorption de l’encre par le papier. Poreux, celui-ci boit doucement le bleu de l’encre fraîche qui envahit peu à peu comme par vagues la presque totalité de la surface. L’artiste laisse le temps agir, c’est lui seul qui reste maître de ce recouvrement de l’image selon les conditions atmosphériques et les mystères de ce phénomène de pénétration de l’encre dans le papier qui s’en trouve imbibé. L’objet ou le visage s’estompe au point de devenir à peine perceptible et peu lisible. Ce protocole de détérioration de l’image et du souvenir qui s’y attache n’est pas sans rappeler les travaux Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Tout particulièrement leur projet Faces de 2011 où ils photographiaient des images d’hommes morts tragiquement au Liban qu’ils nomment « martyrs » et dont les affiches recouvrent les murs des villes. Les artistes gardent en mémoire ces visages par la photographie prise à différentes étapes de leur disparition progressive. Ou encore, rappelle le projet d’Emeric Lhuisset réalisé en Iraq en 2010/11, J'entends sonner les cloches de ma mort, en hommage à l’étudiant Sardasht Osman dans son installation constituée de photographies tirées sur papier salé non fixé et collées dans l'espace urbain, disparaissant progressivement à la lumière du soleil.

Images du quotidien

Valentin van der Meulen glane dans les médias des images d’actualités : migrants, traders, enfants, anonymes. Images sans importance ou images immortalisées : l’artiste nous parle du désir d’arracher le souvenir d’un être humain à sa destruction et à l’oubli. Happés au passage, comme par inadvertance, ces fragments de la vie quotidienne de Valentin Van der Meulen parlent également de notre société. Ses figures proviennent d’affiches aperçues dans le métro, de visages de gens croisés dans la rue ou découverts au hasard de la une d’un journal ou d’un coup d’œil à un documentaire télévisé ou encore sur le fil d’un réseau social, et sont retenues comme en un clin d’œil ou un cliché, fixés sur un papier buvard avant d’être à leur tour brouillées et envahies par l’encre qui vient les réduire à l’état de traces éphémères. Le but que l’artiste contemporain s’assigne est de hisser l’ordinaire au rang de l’universel. Depuis Marcel Duchamp et Robert Filliou, il s’arroge le droit de considérer sa vie mais aussi celle de tout être humain comme une œuvre d’art, selon la formule bien connue de Filliou: « l’art est un moyen de rendre la vie plus intéressante que l’art ! ». Si unique que soit l’individu, il ne se sent pas moins concerné dans ses pensées les plus secrètes par l’histoire de l’humain. Son présent individuel ne peut se concevoir qu’en tenant compte du passé collectif, qu’il ne peut oblitérer. C’est dans l’interstice entre l’individu et l’histoire qu’il rend compte du monde où il vit. Subjective par excellence, la mémoire qui se dit ne se livre pas totalement, elle conserve ses zones d’ombres, ses oublis volontaires ou non, ses périodes passées sous silence et se fait délibérément sélective. Dans ses choix, ses arrêts sur image ou ses amnésies, Valentin van der Meulen ne dit pas autre chose, ne rend perceptible que la mémoire personnelle confrontée à la mémoire collective où l’histoire croise l’Histoire.

Deep blue

Le titre de cette série évoque le superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs développé par la société IBM au début des années 1990 qui bat le champion du monde Garry Kasparov en 1996. Etrangement dans l'univers des requins, Deep Blue est un requin blanc femelle connu pour sa taille extraordinaire, devenu une légende. Pour Valentin van der Meulen cette série évoque les eaux profondes, les vagues, le flux et le reflux de l’eau mais également du temps et d’une certaine façon la fragilité de la vision que peut nous offrir le numérique. Le pas vers le mythe est vite franchi. Parler de mythologie personnelle dans le domaine artistique revient à tenir compte des interrogations que pose l’artiste à la société dans laquelle il vit et qui le préoccupent. Notamment comme Valentin van der Meulen l’exprime avec de subtiles nuances par une attention au glissement dans la routine des formes du quotidien, aux phénomènes de visibilité des minorités, à l’habitude qui s’installe et fait s’émousser les réactions, à la toute puissance des images et paradoxalement souligne l’extrême obsolescence de
celles-ci programmée à notre insu.

Isabelle de Maison Rouge
historienne de l'art
Commissaire d’exposition indépendante

exhibition view at the start of the 3 weeks process
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm each


exhibition view at the end of the 3 weeks process
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm each


exhibition view at the end of the 3 weeks process
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm each




Deep Blue 04
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm


Deep Blue 05
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm


Deep Blue 06
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm



exhibition view at the start of the 3 weeks process
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm each



exhibition view at the end of the 3 weeks process
charcoal, black stone and blue ink - 2018
65x50 cm each








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